Proposition
de suite par Nadia ELMANFERRAH
L'après-midi s'écoula lentement, lorsque toutes les
tâches furent terminé et le repas prêt pour le
soir, le plus gros des plats étaient mis au réfrigérateur
pour la venue de l'oncle de France, Ferroudja appela son amie Ourida
qui habitait pas très loin de la maison, elles aimaient se
réunir ensemble pour discutées.
Ferroudja était devenu au fil du temps dans le village une
femme et une mère respectée et aimées par ses
amies, notamment Ourida avec qui elle partageait ses bonheurs, ses
chagrins, elles avaient le même âge et s'entendaient bien.
Elles cousaient souvent ensemble, akli avait économisé
longtemps pour lui acheté une machine à coudre qu'un
émigré avait bien voulu lui laissé pour une certaine
somme d'argent certes dérisoire car elle était d'occasion,
mais ferroudja en avait rêver de cette machine à coudre
c'était un grand privilège et surtout un trésor
qu'elle transmettrait à thasa plus tard.
Ferroudja se souvenait de ce jour ou akli tous content , lui avait
donné la machine, il avait pu voir dans ses yeux tous l'amour
qu'elle lui portait, ses grands yeux noirs brillaient de mille feux,
c'était un jour inoubliable, c'était une "singer"
pas le dernier modèle mais cela suffisait ,elle était
belle, toute émaillé de noir avec des bordures en argent,
la marque "singer" gravé en argent et surtout elle
était à pédale, un grand luxe où les coupures
d'électricité était fréquente,l'eau ne
manquait pas puisque le village avait constitué un réservoir
d'eau pour les hommes et les bêtes mais l'électricité
était rationné c'était les ordres qui venait
de la "djemaa".
Elles cousaient ensemble des robes (taksewte) mais pour Ferrouja c'était
pour aider Akli pour les fins de mois difficiles, elles cousaient
en ayant bien pris soin de choisir la couleur la plus vive , le dernier
coupon de tissus à la mode qui sortaient des boutiques qui
venait de l'étranger, de France surtout et que toutes les femmes
du village porteraient dans les fêtes , en cela il y avait un
petit plus que Ferroudja et Ourida avaient bien compris et qui faisait
toute la différence, malgré qu'elle n'avait pas eu cette
chance d'aller à l'école, mais elles avaient appris
très tôt l'école de la vie, la vie qui vous apprend
à devenir très vite dans ces montagnes , vives et malicieuses
comme le sont les femmes Kabyles, des femmes forte de caractère
qui impose avec la violence des mots leurs forces de caractère
qui les distinguent des autres peuples. Au fil des siècles
elles avaient acquis ce que leurs grand-mères leurs avaient
transmis la sagesse et la fierté, ne surtout jamais baissé
les bras et Ferroudja l'avait transmis à thasa car elle savait
qu'elle en aurait besoin pour son avenir.
La robe devait être fleuries et la couture de la robe était
un point très important, les motifs devaient être original
, c'était la base de la réussite, elles devaient choisir
les fils (tiffssissine) qui rendrait les robes plus belle les unes
que les autres, ce qui faisait toutes la différence car la
concurence était forte pendant les fêtes, ils fallaient
se faire remarquer à tous pris par les prétendants et
plairent aux belles mères pour celles qui voulaient se marier,
ce dont toutes les jeunes filles rêvaient au village, mais pas
thasa, elle voulait vivre sa vie de jeune fille, s'émanciper
et réussir sa vie , avoir un métier, le mariage n'était
pas sa préoccupation première.
Elle cousaient l'après-midi lorsqu'elles avaient terminées
leurs taches ménagères, elles se racontaient les derniers
potins du village, les cousins de France qui venaient chaque années
et leurs visions des choses qui les "subjuguaient". Elles
en rigolaient souvent lorsqu"elles étaient seuls dans
cette pièce, l'évolution que prenait le moindre changement
dans leur vie de femme, de porter ou ne plus mettre le foulard, un
exemple par mis tant d'autres.
Les jeunes filles qui ne voulaient plus mettre les robes kabyles,
que pour les grandes occasions, elles préféraient le
jeans ou le vêtement à la mode qu'elles voyaient en ville
dans les boutiques arrivés de l'étranger.
Les jeunes préféraient se promener en pantalon, cela
les fascinaient et faisaient beaucoup réfléchir Thasa
qui écoutait dans le coin de la pièce, car Thasa aimait
aussi le jeans, mais c'est vrai qu'elle était plus souvent
en robe qu'en pantalon,elle était habituée depuis son
plus jeune âge à mettre des robes, elle s'était
habituée.
Dans certaines familles cela avaient pris des proportions très
graves, les conflits entre génération et les "vieilles"
qui ne pouvaient suivre cette évolution inévitable de
la vie, elles étaient dépassées par les événements,
des familles entières qui volaient en éclats, tous cela
pour un seul "jeans" c'était toute la structure familiale
qui éclataient, l'élément essentiel de l'équilibre
à la survie de la "fratrie" qui disparaissaient ,
c'était fatal pour le village, la mort programmée à
petit feu.
Ferroudja
et Ourida en était profondément attristées ,elles
ne pouvaient lutter contre l'évolution des mentalités,
elles étaient d'accord pour évoluer mais pas comme cela
, pas aussi vite en faisant éclater la cellule familiale, elles
voulaient garder les habitudes essentielle qui ont fait leurs preuves
à travers le temps mais n'était pas contre l'évolution
au contraire elles voulaient toujours apprendre les nouveautés
surtout celle qui venait de France mais sans choquer ou provoquer
ceux qui étaient les bases de la culture kabyle, qui étaient
leurs identités.
Ourida raconta à Ferroudja une histoire qui était arrivé
chez une cousine à elle , c'était "Ralté
Fathira ,elle était âgée , avait survécu
à tout, à la faim à la misère, en silence,
et n'était plus guère écouté dans la famille
sauf une fois par mois lorsque la pension de retraite était
versé de son défunt mari mort d'une maladie attrapé
en France et qui avait été mal soigné, la plaie
ne voulait plus se refermé, il était rentré au
pays finir ses jours après avoir été manœuvre
chez bourdon rue du temple, comme beaucoup d'hommes en 1940 la 1er
génération partis travaillés car à l'époque
la nourriture manquait il fallait partir pour survivre et faire vivre
la famille restés au pays. Il était rentrés avec
une retraite de misère mais qui avait pu nourrir toute la descendance
de la famille et qui continuaient à servir les petits enfants,
il était mort d'infection à 55 ans on ne pouvait plus
rien faire pour lui ,il était mort jeune, d'épuisement
comme beaucoup d'hommes.Ils ne restaient de vivants que les "
pauvres vieilles"qu'on emmenaient à la poste 1 fois par
mois , 1 fils autour de chaque bras, elles en rigolaient mais n'étaient
pas dupe, elles tournaient tous cela en dérision, Ferroudja
et Ourida ne pouvaient penser à leurs vieillesses , qu'allait-elle
devenir?
malgré
tous elles faisaient confiance en l'avenir, il le fallait pour continuer
d'avancer. Ourida imitait la "vieille" lorsqu"elle
marchait , elle faisait la même marche devant Feroudja et Thasa
qui ne pouvaient s'empêcher d'éclater de rire, elle imitait
sa voix, elle disait en marchant : " deudeuche deudeuche"
qu'elles disaient à leurs fils, elles se voyaient comme des
bébés qu'on apprend à marcher .Leurs fils leurs
achetés les meilleurs fruits et gâteaux qu'elles aimaient
, elles étaient considérées et reconnus une fois
par mois par leurs fils et belles-filles.Les vieilles en rigolaient,
elles ne pouvaient que subir , trop fatigués pour parler c'était
leur "machaho" à elle. Ourida et Ferroudja tournaient
cela en dérision et en rigolaient.
Thasa
écoutait tous cela en admirant les coupons de robe qu'elle
choisissait pour la fête familiale lorsque son oncle viendrait
la chercher, elle était heureuse un nouvel avenir s'ouvrait
devant elle, elle allait découvrir le monde , le progrès,
la France, ce pays qu'elle entend parler par son père depuis
qu'elle est petite " Liberté, Démocratie et Laïcité
" ce que son père répétait lorsqu'il s'énervait
et qu'il ne pouvait obtenir ce qu'il voulait, il ne demandait pas
grand chose Akli mais de pouvoir juste vivre de son métier
ce qu'il ne pouvait pratiquer ici, et que Thasa avait du mal à
comprendre vraiment, elle était remplis de rêve et d'ambition
et savait que dans le village elle faisait beaucoup d'envieuse car
son amie Tassadite voulait aussi partir et continuer ses études
à l'étranger. Mais elle savait d'où elle venait
Thasa " l'honneur et le respect" de la famille était
ses valeurs qu'elle conserverait toute sa vie quoi qu'il arrive.
L'après-midi avait passé vite, Ourida se leva très
vite et dis a au revoir à Ferroudja et Thasa, il fallait qu'elle
rentre avant que Amokrane son mari soit rentré des champs,
pour préparer le dîner.
Ourida était une femme très simple qui avait été
marié à 16 ans avec un cousin et avait été
répudiée par sa belle mère car elle ne pouvait
donner d'enfants à son fils, cela l'avait beaucoup marquée
, elle avant attendu 10 ans chez ses parents avant d'être redemandée
en mariage, sa réputation était faîte ,rien ne
pouvait changer sauf un signe du destin, un ami de son père,
avait entendu parler de cette histoire , un gars simple et courageux
Amokrane qui n'écoutait pas les ragots , il s'en foutait, il
voulait protégé Ourida , il avait demandé sa
main à son père, le temps avait pansé les plaies
et le chagrin, elles avaient eu 5 enfants .
Amokrane avait eu la patience , et la vie avait fait le reste, tous
le monde n'y croyaient pas, ils disaient que c'était un signe
de dieu.
Ils passaient devant chez elle pour apercevoir toutes la tribu , cela
la faisait rire, rire de bonheur à présent . Son mari
ne travaillait pas, il ne trouvait pas de travaille ,donc il entretenait
ses champs et le terrain du cousin, il y faisait poussés des
légumes, la terre était
pauvre et rocailleuse mais bien arrosé il arrivait à
en tirer quelque chose , il gardait sa maison, en retour il lui envoyait
un mandat de France, c'était pas grand chose mais ça
le faisait vivre lui et sa famille, ça le suffisait.Son cousin
avait réussit à s'intégrer comme il disait, il
avait eût un appartement porte de Montreuil ,avait ramené
sa femme en France, il était heureux , il travaillait chez
Renault comme ouvrier spécialisé depuis plus de 20 ans,
il avait monté tous les échelons et maintenant il formait
les cousins qui venait
pour travaillé sur les machines, il était fière
car à travers lui il faisait vivre son village. Mais ses enfants
ne voulaient pas retourner en vacance au bled , pas d'activités,
rien à faire, cela ne les intéressaient pas , ils préféraient
rester en France où ils étaient nées et où
ils avaient leurs habitudes.Mohand avait confiance en Amokrane,qui
s'occupait bien de la maison, cela le rassurait et tous le monde y
trouva son compte.Mais dans le village il était surnommé
"le crochet" cela ne plaisait pas trop à Ourida car
les gens parlaient qu"il se faisait entretenir par son cousin,
Amokrane s'en moquait , il en rigolait.
Ferroudja et Thasa étaient devant le porche de la maison, elles
attendaient l'arrivée d'Akli et Idir, il faisait frais car
la neige même en avril reste accroché aux parois des
montagnes, Ferroudja ajusta son foulard autour de son visage et thasa
alla chercher son gilet, au loin des fillettes couraient en chantant
elles se pressaient de rentrer à la maison , le soleil brillait
encore un peu derrière le brouillard qui commençait
à couvrir les maisons au toit rougit par le temps mais qui
avaient résistés, elles s'écrasaient les unes
sur les autres et n'en former qu'une vue d'en haut.
Ferroudja semblait soucieuse, ils n'avaient jamais tarder aussi longtemps,
Thasa serrait sa mère comme si un mauvais présage allait
arrivé.
Elles regardaient au loin dans la vallée les femmes allumez
les grands feux dans les champs, au milieu des figuiers "affrassen"
les mauvaises herbes , les ronces brûlaient. Thasa regardait
la fumée s'élevait dans le ciel, Ferroudja ne pouvait
s'empêcher de parler à haute voix, Thasa regarda sa mère
d'un air angoissée et lui demanda : "ayéé
qu'est-ce qui se passe ? Ferroudja rassura sa fille ,lui disait que
:
"Ansla " continuait de brûler pour nous protégés
et préserverait du mal les figuiers, protégeraient les
âmes des enfants, te protégerait ma fille ne t'inquiète
pas , c'est pour le souvenir des anciens".
Les grands feux brûlaient longtemps au milieu des champs dans
la plaine,ferroudja priait pour ce qu'elle avait de précieux
qui rentre
sain et sauf à la maison.
Au loin 2 silhouettes qui marchaient d'un pas lourd, Thasa "
hurlait de joie pour avertir sa mère qui lui disait de ne pas
trop" s'éparpillée et de rester là".
Ferroudja était rassurée car la nuit avait plongée
le village dans le noir totale et était devenu silencieux,
seul les lumières des fenêtres passaient dans les ruelles
du village ou deux rues ouvraient sur l'extérieur avec de nombreuses
impasses que seul les gens du village connaissaient les raccourcis
même dans la nuit noire, elles étaient jonchés
de gros cailloux taillées dans le roc par les chaussures des
villageois et des animaux au fil des siècles.
Akli et Idir arriva épuisés mais content de cette journée.
A kli descendit la charge de la mule et Idir se chargea de l'emmener
à l'étable.
"N'oubli pas de lui donner de l'eau bien fraîche et une
bonne ration d'avoine, elle l'à bien mérité lui
cria Akli".
Akli souriait à sa femme, comme toujours il avait ramené
à Thasa des friandises qui embrassait son père très
fort et Ferroudja recevait une petite bouteille d'eau de rose qu'il
avait trouvé sur les marchés de la ville , cela réjouissait
Ferroudja qui s'empressait d'aller la ranger précieusement
dans sa petite valise qui contenait tous ses trésors, et son
vieux trousseaux de mariage , elle cacha tous cela bien vite.
La table était mise depuis longtemps et le repas prêt.
Ils passèrent à table très vite, Ferroudja avait
tous fait, elle demanda des nouvelles de ce qui se passait en ville,
Akli disait " que les prix avaient encore augmenté mais
qu"il avait réussit à bien marchandé d'un
bon prix les récoltes, ils avaient tous ramenés mais
les denrées étaient rationnées comme toujours,
il avait téléphoné à son frère
qui arrivait dans 2 jours, la confirmation était faîte,
il venait par bateau, il ramenait une voiture.
Thasa et Idir souriait , ils avaient hâte pour les cadeaux.
La soirée s'écoula rapidement.
Idir et Thasa ne tardait pas à s'endormir, Ferroudja les bordaient
et rajouta des peaux de mouton au pied de leur lits.
Thasa aimait se moment où elle avait sa mère près
d'elle.
"N'oublie pas Thasa" lui disait sa mère : "
tu est une jeune fille, bientôt tu sera une belle jeune femme,
transmet l'amour de la vie , l'honneur et le respect de ta personne
, n'oublie jamais d'où tu viens ou que tu soit, quoi que tu
fasses pour que continue à vivre notre identité et ta
culture, c'est dans ton village que tu apprendras qui tu es et non
les autres qui te le dirons". Thasa aimait ses moments fort avec
sa mère, le lien qui l'unissait était indélébile
, elle l'embrassa. Thasa s'endormit très vite rassurée
que ses parents étaient là , de ne jamais les décevoir,
elle voulait réussir pour elle et les siens.
Akli allait voir si "bourricot" avait bien était
attaché, car pour le moment c'était tous ce qu'il possédait,
il lui donna des coups de brosse pour le nettoyé et lui remis
de la paille fraîche, il était fière de Idir il
avait bien fait les choses , son fils commençait à le
dépasser ,les années passait très vite.
Akli ne pouvait s'empêcher de penser à Thasa qui partait
, mais c'était pour une bonne cause, son avenir serait plus
enrichissant et elle aurait un métier qu'elle aurait choisit.Akli
avait l'esprit large, il disait toujours que " l'homme sans la
femme n'est rien et c'est derrière chaque grand homme que se
cache une femme, il faisait un clin d'œil à Ferroudja
qui n'avait pas tout à fait compris, elle regardait Akli qui
avait déjà des cheveux blancs mais que sur les côtés,
elle se contenta de lui sourire, ils étaient rentrés
c'était l'essentiel pour elle.
La maison était plongée dans le calme absolu, on entendait
le vent soufflé à travers le vieil olivier centenaire
qui bordait la maison, seul "vololo" "vololo"
continuait de crier dans la nuit, la chouette allait apporté
à cette maison le bonheur qu'ils attendaient tous, et ça
Akli en était persuadé.
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