Proposition 
            de suite par AMROUNI Djamel
          Akli 
            n'est pas très occupé à démontrer à 
            ses enfants, à ses voisins ou le reste du village son savoir 
            faire. Ce n'est pas nécessaire. Tout le monde se jalousie de 
            lui, de ses études faites en France et de ses années 
            comme enseignant. Il y en a ceux qui pensent qu'il a raté sa 
            carrière car il n'aurait pas réussi à avoir un 
            travail là bas. 
            
            Ce qu'ils ne savent pas c'est justement qu'Akli n'a vraiment pas essayé 
            de chercher à rester en France. Il a préféré 
            de rentrer pour servir son pays et partager son savoir avec ses frères. 
            
            
            Les gens du village ne sont pas au courant de ça. Ils pensaient 
            même qu'il n'allait pas réussir à nourrire sa 
            famille puisqu'il n'a pas d'expérience. Ils disent que c'est 
            un homme qui a fait sa vie dans les grandes villes comme Paris ou 
            bien celle de Tizi Ouzou, où il a enseigné –souvenons 
            nous- pendant quelques années. Mais ils se trompent carrément 
            ! 
            
            Akli a prouvé qu'il est comme eux "un enfant de montagne". 
            Il s'en sort pas mal, et –encore plus- il a atteint un but que 
            personne auparavant avait pu concrétiser: vendre des oeufs 
            tous les jours. C'est pour cela que les gens sont jaloux de lui. Cette 
            réussite est bien plus puissante comme source de jalousie que 
            les études et les diplômes qu'Akli a poursuivit et gagné. 
            Cette vie bourgeoise est méprisée ! 
            
            Akli se consacre à sa famille et à son travail. C'est 
            un homme sage et respectueux. Il n'a jamais refusé de recevoir 
            chez lui les visites que ses voisins et même quelques étrangers 
            lui portent. Normalement, il rend toujours service à qui le 
            lui demande. Surtout pour lire et rédiger les réponses 
            aux lettres que le facteur apporte aux villageois, qui la plupart 
            ne sait ni lire ni écrire. 
            
            Il y a des années que les jeunes montagnards choisissent de 
            partir en exil. Tout comme son frère d'ailleurs. Mais cela 
            ne lui touche pas. Le souci d'Akli c'est d'obtenir encore plus d'argent 
            pour monter un projet qu'il garde comme un secret rien que pour lui. 
            Il veut en être sûr de pouvoir réaliser ce rêve, 
            avant de le partager avec sa femme et ses enfants. 
            
            Akli est content. La semaine qui vient de s'écouler lui a porté 
            une bonne nouvelle. Son frère viendra bientôt. Ils ne 
            se voient pas depuis qu'il a quitté Paris. Il se dit qu'il 
            pourra rattraper le temps avec lui. Même s'ils correspondent, 
            la poste n'est jamais aussi vite que l'on veut. Il est très 
            ravi. Sa famille n'est pas nombreuse comme la plupart des familles 
            Kabyles. Il a juste un frère et sa mère. Malheureusement 
            son père est décédé subitement quand il 
            était âgé de 6 ans. 
            
            Il se précipite chez sa mère pour lui faire part de 
            l'arrivée de son frère. Elle, elle pleura à chaque 
            fois qu'Akli lui lis attentivement les lettres que son fils lui envoie 
            d'Europe. Aujourd'hui Akli a atteint la quarantaine, son frère 
            pourtant a 37 ans. Sa mère vit dans la maison que son époux 
            -un martyr de la libération- lui a laissé avec sa tante 
            Zahia. Chez eux, il y a aussi le grand père d'Akli, frère 
            de Zahia, et deux gentilles vielles femmes qui habitent dans un coin. 
            Il s'agit d'une petite demeure qui est à côté 
            des écuries où Akli garde ses bêtes. 
            
            Il pense déjà à lui réserver un bon accueil. 
            Il veut bien combler son frère pour qu'il soit à l'aise 
            en Kabylie après tellement de temps ailleurs. Il veut aussi 
            se rassurer de le persuader de s'occuper de sa fille Tassa. Il veut 
            qu'elle fasse ses études en France, comme lui. Mais, ce qui 
            rend Akli encore plus content c'est que demain, le jeudi; Brahim -marchand 
            ambulant et frère de son unique et véritable ami Taher- 
            viendra faire son commerce au village. 
            
            Akli et Brahim s'aiment bien. C'est grâce à Akli que 
            Brahim à réussi d'avoir une clientèle plutôt 
            fidèle au village. Tous les weekends Brahim vend pas mal de 
            produits: des ustensiles de cuisine, quelques vêtements pour 
            enfants, des foulards et même des bonbons ! 
            
            Akli s'est réveillé à l'aube pour finir tous 
            les travaux de la matinée. Il a fait une liste de ce qu'il 
            va acheter. Vers 11 hrs il avait déjà pris son déjeuner, 
            plus tôt que d'habitude … 
            
            - Je vais aller voir le vieux sage avant de partir en ville et lui 
            demander s'il veut que je lui achète quelque chose, dit Akli 
            à Feroudja, sa femme. 
            - D'accord, moi je vais préparer ton sac, répondit-elle. 
            
            
            À ce moment là, les enfants étaient déjà 
            partis déposer des œufs chez une voisine qui habite un 
            peu loin. Au retour Idir veut passer chez sa grand mère pour 
            nourrir et donner à boire aux bêtes. Les petits adorent 
            aller là bas ! Zahia leur donne toujours des galettes délicieuses 
            et elle leur raconte de belles histoires. 
            
            Akli se rend toutes les semaines en ville avec Brahim. Lui, il a une 
            veille camionnette qu'il a hérité de son père 
            d'Amohand pour faire son commerce, donc ils se déplacent facilement. 
            Ensemble, ils vont visiter Taher. Ils se sont connu à l'université 
            là où Akli à travaillé. Akli à 
            toujours gardé le contact avec lui ainsi qu'avec le monde l'enseignement. 
            
            
            - Les enfants ne sont pas encore rentrés ? Demanda Akli à 
            Feroudha, une fois à la maison. 
            - Non pas encore. Ils m'ont dis qu'ils passeraient chez ta tante pour 
            s'occuper des animaux. 
            -J'espère qu'ils ne vont pas tarder car Brahim va bientôt 
            arriver. Je ne veux pas rater l'occasion d'embrasser mes enfants avant 
            de partir. Et surtout de leur demander s'ils veulent quelque chose 
            de spéciale. 
            
            Akli a beaucoup de choses à faire en ville. Pas seulement visiter 
            son ami Taher. Il a d'autres devoirs à accomplir. 
            
            Depuis qu'on lui a quitté son travail à l'université, 
            Akli vit de ses propres moyens. Comme nous l'avons appris déjà, 
            il s'en sort pas mal. Il a 20 poules pondeuses, trois coqs, deux chèvres, 
            une brebis et trois moutons. Il ne faut surtout pas oublier le vieux 
            âne qu'Idir a surnommé «Gourou» et quelques 
            ruches d'abeilles, d'où il vient juste d'extraire le miel. 
            
            
            Akli a demandé à sa femme de remplir un petit gobelet 
            pour le lui donner comme cadeau et remerciement à Taher. Cette 
            année les récoltes furent bonnes. Surtout les figues. 
            Akli en a des tonnes ! Pendant la période, il va vendre une 
            grande quantité. Mais, il doit bien trouver des acheteurs. 
            
            
            Akli connaît presque tous les commerçants de la ville. 
            Depuis un temps, il cherche à faire un business. Souvenons 
            nous, c'est son petit secret. Il n'a pas été soucieux 
            ni triste hier quand le facteur lui a remis les lettres qui portaient 
            les réponses négatives à ses demandes d'emploi. 
            Lui il est fort, tenace et plein de volonté. Il continuera 
            à envoyer autant de lettres il le faudra pour obtenir un nouveau 
            travail et, au même temps, il persévérera dans 
            ses buts. Le commerce, son commerce est proche, il se dit... 
            
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